École de Chicago (économie)

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L'École de Chicago est une école de pensée économique appartenant à la vision libérale de l'économie. Elle est généralement associée à la théorie néoclassique des prix, au libre marché et au monétarisme ainsi qu'à une opposition au keynésianisme. Son nom vient du département d'économie de l'université de Chicago dont la majorité des professeurs et élèves se rattachent à cette école de pensée. L'école de Chicago est symbolisée pour le grand public par la figure de Milton Friedman et, dans une moindre mesure, par celle de George Stigler.

Le département économique de l'université de Chicago a formé de nombreux conseillers en économie latino-américains, dont les plus célèbres, les Chicago Boys, qui avaient mis en place les politiques économiques chiliennes pendant la dictature d'Augusto Pinochet.

Histoire

Préhistoire (années 1930)

L'École de Chicago est fortement influencée par un groupe d'économistes réunis autour de Frank Knight à l'université de Chicago dans les années 1930, notamment Jacob Viner (dont l'insistance sur la théorie marshallienne des prix sera reprise par l'École) et Henry Simons (un ami de Friedrich Hayek qu'il essaye de faire venir à Chicago). Ils défendent le laissez-faire mais n'ont pas encore la méthodologie de la future École de Chicago, méthodologie que certains critiquèrent d'ailleurs plus tard[1].

Incubation (1940 - 1965)

La période de l'immédiat après-guerre est une période d'« incubation » cruciale dans le succès ultérieure de l'École. C'est à ce moment qu'un groupe d'économistes définit une approche méthodologique et des objectifs théoriques clairs et met en place des structures institutionnelles et la pédagogie qui feront sa réussite[2].

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Triomphe (depuis 1975)

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Contenu

Approches théorique et méthodologique

La théorie marshallienne des prix est centrale pour l'École de Chicago, tout comme l'économétrie. Influencée par les travaux du MIT et de la Cowles Commission (deux des membres illustres de cette dernière, Jacob Marschak et Tjalling Koopmans, donnaient parfois des cours à Chicago), elle s'en distingue en adoptant une approche moins abstraite et plus pragmatique. Plutôt que répondre à de grandes questions théoriques (comme le font par exemple Kenneth Arrow et Gérard Debreu à la Cowles), elle essaye de résoudre des énigmes concrètes à l'aide de raisonnements théoriques mais qui doivent nécessairement être « testés » par des analyses statistiques[3][4]. Les raisonnements théoriques s'enracinent dans la tradition néoclassique, avec pour modèles des économistes comme Léon Walras et Vilfredo Pareto, et avec une approche rationaliste des comportements des individus, notamment sous l'influence de la théorie des jeux[4].

On peut distinguer deux textes incontournables pour comprendre cette méthodologie[3]. Dans « The methodology of positive economics », Milton Friedman explique comment la politique économique peut être éclairée par l'usage de quelques modèles théoriques simples liés à des investigations « empiriques », c'est-à-dire statistiques[5]. Dans « De gustibus non est disputandum », George Stigler et Gary Becker avancent que, pour pouvoir faire de la science économique, on doit supposer que les préférences des agents sont universelles[6]. En plus de ces deux textes, on peut ajouter quelques autres textes « canoniques » d'Alfred Marshall, Frank Knight, Jacob Viner, Milton Friedman, George Stigler, Henry Simons, Armen Alchian ou encore Deirdre McCloskey[3] (bien que une partie de ces auteurs n'appartiennent pas à l'École de Chicago).

Article détaillé : Méthodologie économique.

Théories célèbres

Macroéconomie

Dans les premières années, Milton Friedman s'oppose aux keynésiens et développe le monétarisme qui s'appuie sur une théorie quantitative de la monnaie. Avec Anna Schwartz, s'inspirant de Wesley Mitchell et des économistes de Chicago de l'entre-deux-guerre, ils écrivent le célèbre A Monetary History of the United States publié en 1963[7].

Depuis les années 1970 et 1980, l'École est aussi associée à la théorie des real business cycles et aux anticipations rationnelles[réf. nécessaire].

Économie de la concurrence

George Stigler développe l'économie industrielle et montre dans quelles conditions théoriques une situation de monopole peut néanmoins être optimale (du point de vue du pouvoir d'achat), ouvrant ainsi la voie à une critique de la législation antitrusts[réf. nécessaire]. Lui et Claire Friedland mènent des travaux statistiques pour examiner les effets de la réglementation de l'industrie[3].

Law and economics

L'École de Chicago, grâce à des chercheurs de la Law School de l'université, lance le courant « law and economics » qui consiste, entre autres, à étudier les effets du droit sur les incitations économiques. Y participent des savants comme Ronald Coase, Gary Becker ou Richard Posner, repris par Stigler[3].

Théorie du capital humain

Gary Becker développe la théorie du capital humain.

Théorie financière

Eugène Fama avance l'hypothèse d'efficience des marchés financiers.

Économie du travail

En 1946, une célèbre controverse implique Stigler – qui défend la pertinence de la théorie marshallienne des prix pour analyser le « marché » du travail – et l'institutionnaliste Richard Lester – qui soutient que les pratiques réelles des employeurs sont trop éloignées de ce modèle théorique[3]. Toutefois, l'économie du travail de Chicago ne prend son envol qu'une décennie plus tard grâce à H. Gregg Lewis qui forme une génération d'économistes du travail qui auront des carrières prestigieuses comme James Heckman[8].

Critiques

Critiques régulationnistes

Certains économistes hétérodoxes, comme les tenants de l'école de la régulation, contestent l'efficience des marchés défendue par l'école de Chicago[9].

Critiques libérales

Friedrich von Hayek est critique de la solution proposée de rendre indépendante la banque centrale : les banques centrales, aussi rigoristes soient-elles, finiront par instrumentaliser la monnaie face aux crises économiques pour appliquer des politiques monétaires de relance, or selon Hayek ces politiques de relance sont condamnés à provoquer des crises. Il faut au contraire supprimer les banques centrales et mettre en place un système de banque libre[10].

Membres connus

Sont notamment rattachés :

Notes et références

  1. Jamie Peck, « Orientation: In Search of the Chicago School », dans Building Chicago Economics: New Perspectives on the History of America's Most Powerful Economics Program, Cambridge University Press, coll. « Historical Perspectives on Modern Economics », , xxv–lii (ISBN 978-1-139-00407-7, lire en ligne)
  2. « Blueprints », dans Building Chicago Economics: New Perspectives on the History of America's Most Powerful Economics Program, Cambridge University Press, coll. « Historical Perspectives on Modern Economics », , xv–xxiv (ISBN 978-1-139-00407-7, lire en ligne)
  3. a b c d e et f Ross B. Emmett, « Chicago School », dans Handbook on the History of Economic Analysis Volume II, Edward Elgar Publishing, (ISBN 978-1-78536-736-6, DOI 10.4337/9781785367366.00030, lire en ligne)
  4. a et b (en) Lawrence Freedman, Strategy : A History, Oxford/New York, Oxford University Press, , 571 p. (ISBN 978-0-19-932515-3, présentation en ligne), p. 515-516.
  5. Milton Friedman (1953), ‘The methodology of positive economics’, in Essays in Positive Economics, Chicago, IL:University of Chicago Press, pp. 3–43.
  6. George J. Stigler et Gary S. Becker, « De Gustibus Non Est Disputandum », The American Economic Review, vol. 67, no 2,‎ , p. 76–90 (ISSN 0002-8282, lire en ligne, consulté le )
  7. Hugh Rockoff, « On the Origins of A Monetary History », dans The Elgar Companion to the Chicago School of Economics, Edward Elgar Publishing, (ISBN 978-1-84980-666-4, DOI 10.4337/9781849806664.00014, lire en ligne)
  8. Bruce E. Kaufman, « Chicago and the Development of Twentieth-Century Labor Economics », dans The Elgar Companion to the Chicago School of Economics, Edward Elgar Publishing, (ISBN 978-1-84980-666-4, DOI 10.4337/9781849806664.00016, lire en ligne)
  9. Philippe Douroux Jean Tirole, sacré grand régulateur face au marché tout puissant, Libération, 14 octobre 2014 en ligne
  10. Friedrich A. von Institute of Economic Affairs, Denationalisation of money: the argument refined ; an analysis of the theory and practice of concurrent currencies, Institute of Economic Affairs, coll. « Hobart paper Special », (ISBN 978-0-255-36239-9)
  11. il n'existe pas de Prix Nobel d'économie. Il s'agit en réalité du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, qui jouit du même prestige dans le domaine économique, et qui est abrégé communément en « Prix Nobel » par souci de simplicité.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Johan Van Overtveldt, The Chicago school : how the university of Chicago assembled the thinkers who revolutionized economics and business, Chicago, Agate, , 432 p. (ISBN 978-1-932841-14-5 et 1-932841-14-8)
  • (en) Ross Emmett, « Chicago School », dans Gilbert Faccarello, Heinz Kurz, Handbook on the History of Economic Analysis Volume II, EE Elgar, , p. 368–374
  • (en) Ross Emmett (éditeur), The Elgar Companion to the Chicago School of Economics, Cheltenham, UK ; Northampton, MA, USA, EE Elgar,
  • (en) Robert Van Horn (éditeur), Philip Mirowski (éditeur) et Thomas Stapleford (éditeur), Building Chicago Economics : New Perspectives on the History of America's Most Powerful Economics Program, Cambridge University Press,

Liens externes

  • (en) Kenneth C. Griffin Department of Economics, economics.uchicago.edu, université de Chicago
  • (en) The Chicago School
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