Algèbre de Toeplitz

En théorie des algèbres d'opérateurs, l'algèbre de Toeplitz T {\displaystyle {\mathcal {T}}} est la C*-algèbre universelle engendrée par une isométrie S {\displaystyle S} non unitaire. En clair, ce générateur vérifie :

S S = 1 mais S S 1. {\displaystyle S^{*}S=1\qquad {\text{mais}}\qquad SS^{*}\neq 1.}

Si on définit l'élément P {\displaystyle P} de cette algèbre par P := 1 S S {\displaystyle P:=1-SS^{*}} , on obtient, comme pour toute isométrie, les relations :

P S = 0 et S P = 0. {\displaystyle PS=0\qquad {\text{et}}\qquad S^{*}P=0.}

Réalisation concrète

Considérons l'espace de Hilbert H := l 2 ( N ) {\displaystyle {\mathcal {H}}:=l^{2}(\mathbb {N} )} . On peut définir l'opérateur de décalage (shift en anglais) S {\displaystyle S} sur H {\displaystyle {\mathcal {H}}} en posant : S e n = e n + 1 . {\displaystyle Se_{n}=e_{n+1}.} La sous-algèbre involutive normiquement fermée des opérateurs bornés sur H {\displaystyle {\mathcal {H}}} engendrée par S {\displaystyle S} est une réalisation de l'algèbre de Toeplitz T {\displaystyle {\mathcal {T}}} .

Suite exacte courte

L'algèbre K {\displaystyle \mathbb {K} } des opérateurs compacts peut se réaliser dans T {\displaystyle {\mathcal {T}}} grâce à l'injection ι : e i , j ( S ) i P S j {\displaystyle \iota \colon e_{i,j}\mapsto (S^{*})^{i}PS^{j}} ( i , j N {\displaystyle i,j\in \mathbb {N} } ). On obtient en fait une suite exacte courte de C*-algèbres :

0 K T C ( T ) 0 {\displaystyle 0\to \mathbb {K} \to {\mathcal {T}}\to C(\mathbb {T} )\to 0}

C ( T ) {\displaystyle C(\mathbb {T} )} est l'algèbre de fonctions continues sur le cercle unité T {\displaystyle \mathbb {T} } et le morphisme de T {\displaystyle {\mathcal {T}}} dans C ( T ) {\displaystyle C(\mathbb {T} )} est celui qui à S {\displaystyle S} associe le générateur z z {\displaystyle z\mapsto z} de C ( T ) {\displaystyle C(\mathbb {T} )} .

K-théorie

La K-théorie de cette algèbre est :

K 0 ( T ) = Z et K 1 ( T ) = 0. {\displaystyle K_{0}({\mathcal {T}})=\mathbb {Z} \qquad {\text{et}}\qquad K_{1}({\mathcal {T}})=0.}

En outre, K 0 ( T ) {\displaystyle K_{0}({\mathcal {T}})} est générée par la classe de l'identité de T {\displaystyle {\mathcal {T}}} .

On peut le voir, par exemple, en utilisant la notion d'appariement entre cohomologie cyclique et K-théorie. En effet, l'application T C ( T ) {\displaystyle {\mathcal {T}}\to C(\mathbb {T} )} permet de définir une trace sur T {\displaystyle {\mathcal {T}}} par référence à l'intégration sur C ( T ) {\displaystyle C(\mathbb {T} )} . Un calcul rapide montre alors que la classe de l'identité de T {\displaystyle {\mathcal {T}}} est non nulle. En travaillant un peu plus, on montre qu'il s'agit en fait d'un générateur.


Références

  • (en) M. Rørdam, F. Larsen et N. Lausten, An Introduction to K-Theory for C*-Algebras, CUP, (lire en ligne), p. 167-168
  • (en) N. E. Wegge-Olsen, K-theory and C*-algebras, Oxford Science Publications,
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