Arcésilas IV

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Arcésilas IV
Fonctions
Roi de Cyrène
avant – vers
Successeur Aucun
Biographie
Dynastie Battiades
Date de naissance /
Lieu de naissance Cyrène
Date de décès vers
Lieu de décès Cyrène
Père Battos IV
Enfants Battos
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Arcésilas IV (Ἀρκεσίλαος) est le huitième et dernier roi de la dynastie des Battiades de Cyrène (actuelle Libye). Les dates de son règne ne sont pas connues avec précision : il débuta très certainement avant et prit fin vers [1]. En [2] en effet, Arcésilas IV fut assassiné, et la dynastie des Battiades renversée et remplacée par un régime républicain.

Biographie

Origines

Fils de Battos IV, petit-fils d'Arcésilas III, Arcésilas IV est né à Cyrène, probablement vers ou . Pour déterminer la date de naissance de ce monarque, François Chamoux part de l'hypothèse que les rois Arcésilas II et Battos III eurent un héritier avant l'âge de 25 ans, et que les autres membres de la dynastie eurent des héritiers entre l'âge de 25 et 30 ans. A partir de ces suppositions, et de l'exposé de l'historien Hérodote qui suggère une succession en ligne directe mâle des souverains de la dynastie, François Chamoux propose une chronologie approximative des rois battiades, « à titre d'exemple et sous toutes réserves »[3].

Règne d'Arcésilas IV

Pour François Chamoux, le roi accéda au pouvoir très jeune : le poète Pindare, dans sa cinquième Pythique, loue la sagesse et l'éloquence d'Arcésilas IV, qu'il considère bien au-dessus de ceux de son âge[4].

Dès le début de son règne, Arcésilas IV fit face à une révolte fomentée par les opposants à la monarchie, les oligarques[5], qu'il mata très durement[4]. La faction des nobles était dirigée par un certain Damophilos, parent du roi : arrêté, il fut dépossédé de ses biens et contraint à l'exil. Ayant trouvé refuge à Thèbes, Damophilos se lia d'amitié avec le poète Pindare, à qui il demanda d'intervenir en sa faveur auprès du roi d'Arcésilas[6]. La fin de la quatrième Pythique est une requête au roi de Cyrène pour qu'il rappelle Damophilos à Cyrène.

S'appuyant sur les écrits de l'historien Théotimos, dont nous ne conservons que des fragments, François Chamoux estime que l'installation de colons à Euhespérides, ainsi que la participation aux grands jeux panhelléniques, visait à restaurer son pouvoir, ébranlé suite à la révolte des oligarques[7]. Pour recruter des colons, Arcésilas IV dépêcha une mission en Grèce, sous la direction d'un certain Euphémos.

Cependant, Arcésilas IV paraît avoir régné d'une manière autoritaire : Pindare, dans ses Pythiques, fait plusieurs allusions aux conflits qui déchiraient Cyrène, et Diodore de Sicile oppose très nettement Battos Ier à ses successeurs, le premier ayant régné avec modération, à la différence d'Arcésilas IV[8].

L'opposition se développa et mena à la mort d'Arcésilas IV, et au renversement de la dynastie des Battiades et de la monarchie. Selon l'historien Héraclide du Pont, Arcésilas IV fut assassiné par les Cyrénéens, la démocratie proclamée, et un certain Battos fut victime des citoyens d'Euhespérides[9] :

« Pendant le règne d'Arcésilas, un corbeau blanc se montra : à ce phénomène était attaché une prédiction défavorable. La démocratie fut établie et Battos se retira à Euhespérides, où il mourut. Alors la foule lui coupa la tête et la jeta à la mer. »

Selon François Chamoux, l'évocation du corbeau blanc est une référence à Apollon : c'est sous la forme de cet animal que le dieu avait guidé les colons grecs venus de Théra vers le site de Cyrène. La réapparition de ce prodige ne pouvait signifier qu'un signe funeste pour le roi Arcésilas. En rapportant cette histoire, Héraclide du Pont transmet une tradition hostile aux Battiades, très certainement diffusée par les opposants à la dynastie[10]. Concernant l'identité du personnage de Battos cité par Héraclide du Pont, François Chamoux estime qu'il s'agit du fils d'Arcésilas IV, mais sans en avoir la certitude, par manque d'indice : pour l'historien, l'hypothèse a surtout le mérite de correspondre avec l'oracle de la Pythie, rapporté par Hérodote[11], selon lequel Apollon accorda aux Battiades de régner pendant huit générations, quatre Arcésilas et quatre Battos[12]. Enfin, pour déterminer la date de l'assassinat du roi Arcésilas IV, François Chamoux s'appuie sur une indication fournie par le scoliaste de Pindare, pour lequel les Battiades ont régné deux cents ans sur Cyrène. En admettant que le règne de Battos Ier débute non pas en , date de la fondation de la cité, mais en , date du départ des colons depuis Théra[N 1], la chute de la monarchie aurait eu lieu aux alentours de [13].

Chanté par Pindare

Pindare a dédié ses quatrième et cinquième Pythiques à Arcésilas, en l'honneur de la victoire remportée par son attelage aux jeux pythiques à Delphes en [14] Le quadrige était mené par Carrhôtos, fils d'Alexibios et frère de la femme d'Arcésilas. Pindare, au début de la quatrième Pythique qualifie Arcésilas de roi de Cyrène « aux beaux coursiers » (εὐίππου), allusion à la réputation des chevaux élevés en Libye.
En 460, Arcésilas remporta une nouvelle victoire, à Olympie.

Roi de Cyrène, roi de Cyrénaïque

Sous le règne d'Arcésilas IV, Cyrène, qui, jusque sous le règne de Battos IV, avait payé un tribut à l'Empire perse[15], semble avoir retrouvé son indépendance totale. Roi de Cyrène, Arcésilas IV est également décrit comme « [régnant] sur de grandes cités »[16] par le poète Pindare. Pour François Chamoux, il est probable que le roi battiade dominait toute la Cyrénaïque[17].

Notes et références

Notes

  1. Selon Hérodote IV, 157-158, les Théréens, menés par Battos Ier, restèrent deux ans sur l'île de Platée, puis six ans à Aziris, avant de s'installer définitivement sur le site de Cyrène.

Références

  1. Chamoux 1953, p. 210.
  2. D'après un scholiaste de Pindare.
  3. Chamoux 1953, n. 2, p. 151.
  4. a et b Chamoux 1953, p. 173.
  5. Chamoux 1953, p. 197.
  6. Chamoux 1953, p. 187.
  7. Chamoux 1953, p. 173-174.
  8. Diodore de Sicile, VIII, fragment 30 : « Arcésilas, roi de Cyrène, qui se trouvait en difficulté, consulta l'oracle de Delphes au sujet de ses malheurs. Le dieu répondit que c'était l'effet de la colère divine, parce que les descendants de Battos I n'avaient pas conservé dans le gouvernement les maximes de leur ancêtre. Celui-ci n'avait guère d'un roi que le titre : il gouvernait avec modération, dans un esprit démocratique, et par-dessus tout veillait à honorer les dieux. Ses successeurs, au contraire, exercèrent une domination de plus en plus tyrannique, firent main basse sur les revenus de l’État et négligèrent les honneurs dus aux dieux. », traduit par Chamoux 1953, p. 130.
  9. Héraclide du Pont, Fragmenta Historicorum Graecorum (FHG) II, p. 212 traduit par Chamoux 1953, p. 205.
  10. Chamoux 1953, p. 205.
  11. Hérodote IV, 163.
  12. Chamoux 1953, p. 206.
  13. Chamoux 1953, p. 206-207.
  14. Troisième année de la soixante-dix-neuvième olympiade.
  15. Briant 1996, p. 402.
  16. Pindare V, 15.
  17. Chamoux 1953, n. 2, p. 164.

Annexes

Sources antiques

Bibliographie

  • Pierre Briant, Histoire de l'Empire perse : De Cyrus à Alexandre, Paris, Fayard, , 1247 p.
  • François Chamoux, Cyrène sous la monarchie des Battiades, Paris, Éditions de Boccard, , 420 p. (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

  • Traduction de la quatrième Pythique de Pindare.
  • Traduction de la cinquième Pythique de Pindare.
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