Sekhemkarê Amenemhat est un roi de la XIIIe dynastie dont le règne se situe vers -1796 environ à -1793 (selon Kim Steven Bardrum Ryholt) ou -1746 à -1743 (selon Detlef Franke). Selon plusieurs égyptologues[1],[2]Sekhemkarê Amenemhat-Senbef et lui sont deux rois différents, tandis que pour d'autres[3],[4],[5], ils ne forment qu'une seule et même personne.
Attestations
Une statue à son effigie a été également découverte à Éléphantine et porte l'inscription suivante :
« Le dieu bon, le seigneur du double pays, maître des cérémonies, le roi de la Haute et de la Basse Égypte Sekhemkarê, le fils de Rê Amenemhat, aimé de Satis, dame d'Éléphantine, puisse-t-il vivre éternellement. »
Cette statue fragmentaire a été retrouvée en deux temps. La tête avec une partie du buste a été découverte sur le site au XIXe siècle et depuis, est conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne, alors que la plupart de la partie inférieure, avec l'inscription sus-mentionnée permettant son identification, a été mise au jour au siècle suivant et est exposée au musée de la Nubie à Assouan.
Le Canon royal de Turin cite en deuxième position pour la XIIIe dynastie un roi nommé Sekhemkarê ...f et en troisième position un roi nommé Amenemhatrê (le -Rê étant probablement une erreur de copie) :
selon ceux qui considèrent Sekhemkarê Amenemhat-Senbef et Sekhemkarê Amenemhat comme deux rois différents, le nom en deuxième position correspond à Amenemhat-Senbef, le nom en troisième position à Amenemhat ;
selon Julien Siesse, qui ne considère qu'un seul et même roi, le nom en deuxième position conrrespond à ce roi, le nom en troisième position se rapporte à Amény-Qémaou, Amény étant un diminutif du nom Amenemhat.
Identité
Il y a un débat entre égyptologues sur la question de savoir si Sekhemkarê Amenemhat-Senbef est ou non le même roi que Sekhemkarê Amenemhat.
Point de vue de deux rois distincts
Le nom de Sa-Rê complet du premier étant Amenemhat-Senbef, il a été interprété par Ryholt comme étant un nom filial : Senbef serait son nom et Amenemhat le nom de son père. Ainsi, il ne pourrait pas être identique au roi de la statue d'Éléphantine dont le nom de Sa-Rê est simplement Amenemhat[2],[6]. Ryholt, mais aussi Baker, voient donc Sekhemkarê Amenemhat-Senbef et Sekhemkarê Amenemhat comme deux souverains différents, une opinion également partagée par Jürgen von Beckerath. Ryholt pense également que Sekhemkarê Amenemhat serait attesté sur le Canon royal de Turin en tant que roi distinct de Sekhemkarê Amenemhat-Senbef car le troisième roi de la dynastie selon le papyrus se nomme Amenemhatrê (le -Rê étant probablement une erreur de copie).
Ryholt et Baker affirment en outre que les règnes d'Amenemhat-Senbef et d'Amenemhat ont été séparés par le règne éphémère de Nerkarê[2],[6], tandis que von Beckerath pense que c'est Sekhemrê-Khoutaouy Paentjeny qui a régné entre les deux[1],[7].
Point de vue d'un seul et même roi
À l'opposé, Detlef Franke, Stephen Quirke, Claude Vandersleyen et Julien Siesse pensent que Sekhemkarê Amenemhat-Senbef et Sekhemkarê Amenemhat sont une seule et même personne[8],[4],[5]. Franke et d'autres considèrent Amenemhat-Senbef comme un double nom. En effet, la double dénomination était courante en Égypte et surtout à la fin de la XIIe et pendant la XIIIe dynastie[9],[10]. Julien Siesse ajoute que le troisième nom du Canon royal de Turin, Amenemhatrê, se réfère, non pas à l'hypothétique Sekhemkarê Amenemhat distinct, mais à Amény-Qémaou, Amény étant le diminutif du nom Amenemhat. En effet, Siesse argumente que le quatrième nom sur le papyrus, Sehotepibrê, se rapporte à Hotepibrê Qémaou-Sa-Hornedjhéritef, fils d'Amény-Qémaou. Il associe d'ailleurs Amény-Qémaou à Nerkarê, et rejoint donc Ryholt sur ce point en faisant de ce roi le successeur Sekhemkarê Amenemhat-Senbef.
Position chronologique
Selon le point de vue pris sur l'identification de de Sekhemkarê Amenemhat avec Sekhemkarê Amenemhat-Senbef, la position chronologique du roi diffère. Le Canon royal de Turin, les inscriptions sur le niveau du Nil à Semna en Nubie et le nom de Sa-Rê même des rois de ce début de XIIIe dynastie jouent tous un rôle important dans les différentes chronologies proposées par les égyptologues.
Le Canon royal de Turin, document datant de la XIXe dynastie, propose au début de la XIIIe dynastie la succession suivante :
il considère Nerkarê et Amény-Qémaou comme étant un seul et même roi, le premier étant le nom de Nesout-bity, le second celui de Sa-Rê, et est donc en accord avec d'une part le Canon royal de Turin (Amény étant le diminutif du nom Amenemhat, le nom inscrit Amenemhatrê correspondrait donc à ce roi), d'autre part les inscriptions de Semna, mais aussi avec le nom de Sa-Rê d'Hotepibrê lui-même, dont le père se nommait Qémaou,
↑ a et bJürgen von Beckerath, Chronologie des Pharaonischen Ägypten, Mayence, Éditions Philipp von Zabern, , 244 p. (ISBN3-8053-2310-7)
↑ ab et cKim Steven Bardrum Ryholt, The Political Situation in Egypt during the Second Intermediate Period, c.1800-1550 BC, Carsten Niebuhr Institute Publications, vol. 20. Copenhagen, Museum Tusculanum Press, 1997.
↑Julien Siesse, Throne Names Patterns as a Clue for the Internal Chronology of the 13th to 17th Dynasties (Late Middle Kingdom and Second Intermediate Period), GM 246, 2015, p. 75-98.
↑ a et bDetlef Franke, Zur Chronologie des Mittleren Reiches (12.-18. Dynastie) Teil 1 : Die 12. Dynastie, in Orientalia 57 (1988)
↑ a et b[1] New arrangement of the 13th dynasty, on digital Egypt.
↑ a et bDarrell D. Baker, The Encyclopedia of the Pharaohs : Volume I : Predynastic to the Twentieth Dynasty 3300–1069 BC, Stacey International, , 587 p. (ISBN978-1-905299-37-9), p. 457–458
↑Jürgen von Beckerath, Untersuchungen zur politischen Geschichte der Zweiten Zwischenzeit in Ägypten, Glückstadt, 1964.
↑Stephen Quirke, « In the Name of the King: on Late Middle Kingdom Cylinders », dans : Timelines, Studies in Honour of Manfred Bietak, Leuven, Paris, Dudley, MA. (ISBN90-429-1730-X), p. 263-264.
Julien Siesse, La XIIIe dynastie : Histoire de la fin du Moyen Empire égyptien, Paris, Sorbonne Université Presses, coll. « Passé Présent », (ISBN9791023105674)